1/ Comment une brillante avocate en droit des affaires internationales (dans les secteurs des énergies, de l’eau et de l’environnement.) se retrouve un jour à l’initiative d’un groupe de travail/réflexion avec d’autres avocats sur le thème de la Protection animale ?  Quel a été le déclic ?

La protection de la biodiversité est une composante du droit de l’environnement que j’ai choisi à dessein. Si les responsabilités de l’homme diffèrent naturellement selon que l’animal est à l’état sauvage ou domestiqué, leur protection est un enjeu majeur pour la vie sur Terre qu’elle soit humaine ou animale. L’homme n’est pas au centre de l’environnement ; il n’est qu’un maillon de la chaîne de la vie sur Terre. Nous sommes interdépendants des autres espèces animales, végétales et plus généralement de notre environnement.

A la réflexion trop souvent entendue que ceux qui défendent les animaux feraient mieux de se préoccuper des humains : la protection de l’un ne va pas sans la protection de l’autre.

L’inertie juridique mène aux excès voire à la radicalisation de part et d’autre, et en l’espèce, au détriment de la protection animale. Aussi l’avocat a-t-il toute légitimité pour instaurer un cadre juridique autonome pour les animaux, forcer la remise en question, rompre avec les paradigmes. La connaissance par les avocats des institutions, des procédures mais aussi de l’histoire du droit nous obligent à « faire notre part ».

2/ Pouvez-vous nous dire quelques mots de la Commission Droit de l’animal du Barreau de Paris que vous présidez ? Vision, enjeux et avancées ?

Aux termes de la Charte des commissions ouvertes annexée au Règlement intérieur du Barreau de Paris, les commissions ouvertes ont un triple objectif :

  • un objectif de formation : Les avocats doivent être parfaitement informés de l’évolution législative, réglementaire et jurisprudentielle ;
  • un objectif d’éthique : Leur compétence, quelle que soit la difficulté des sujets abordés et en raison même de cette difficulté, doit s’exercer, dans le souci constant du respect de leurs règles déontologiques ;
  • un objectif de convivialité : En échangeant leurs connaissances, ils apprennent à mieux se connaître et à s’apprécier.

Ces commissions ont ainsi pour vocation d’informer les avocats par une veille juridique constante et plus encore de dispenser des formations régulières de 2 à 4 heures chacune. Gratuites et validées au titre de la formation continue obligatoire des avocats, elles sont également ouvertes au public pour une meilleure accessibilité au droit.

Malgré la difficulté française de réunir des profils et compétences différents sur des sujets pourtant communs, en l’occurrence celui de la protection animale, je m’attache à faire intervenir pour chaque conférence et selon la pertinence : un institutionnel, un avocat, un vétérinaire, un acteur économique, un scientifique et une association.

Tous les thèmes sont abordés : expérimentation, abattage, lanceurs d’alerte… La prochaine aura pour sujet : « Labels et traçabilité du Bien-être animal : Quelle valeur ? »

Au 30 juin 2020, une douzaine de formations de 3h minimum chacune ont été dispensées dans les murs de la Maison du Barreau ou au Palais de Justice. Nous avons commencé avec une vingtaine d’inscrits il y a 3 ans à plus de 300 inscrits en juin dernier.

Aussi j’espère tisser un maillage territorial national d’avocats et invite mes confrères inscrits à d’autres barreaux, à créer en leur sein des commissions similaires.

3/ Pourquoi avoir accepté de nous rejoindre au sein de l’Arche des Associations ? Qu’aimeriez-vous apporter ?

J’ai accepté avec la plaisir la demande de Jean-Philippe Darnault, parce que je connais l’investissement personnel, les convictions de l’Arche et surtout les actions sur le terrain. Cette coopération s’inscrit dans le travail d’équipe de profils différents et complémentaires indispensables pour contribuer à la protection des animaux.

Question subsidiaire (:) Avez-vous un animal de compagnie ? Si oui pouvez-vous nous en dire quelques mots ? nous le présenter ?

J’ai grandi avec des animaux et n’envisage pas de vivre sans. Leur constance apporte la sérénité dans nos vies humaines.

Gibson est un golden retriever de 9 ans que j’ai adopté il y a un an et Pacha un berger allemand de 1 an. Le 1er est la sagesse et la douceur, le second a la fougue de sa jeunesse avec toutes les bêtises du grand chiot qu’il est. Les deux font la paire.

Coordonnées :

Marie-Bénédicte DESVALLON

Associée

Avocat au Barreau de Paris

Solicitor of the Senior Courts of England & Wales

Publication

CHIENS DE TRAVAIL: Manuel juridique sur les chiens de sécurité, de sauvetage et d’assistance
de Marie-Bénédicte Desvallon Lorène Bourdin, et al. | 16 juin 2020